vendredi 15 septembre 2017

Kim Kong

Dans cette période d’interrogation, de légère dépression, d’impasse personnelle, la télé n’est vraiment pas un réconfort tant l’indigence des programmes frise la nausée et malheureusement, avec la rentrée, le pire du PAF s’expose, s’étale, se déverse aux heures où l’audimat bat des records.
Aussi, quand on tombe, étonné, sur une série rafraîchissante, il ne faut surtout pas bouder son plaisir. En l’occurrence ARTE diffusait jeudi soir une mini-série, trois épisodes en une seule soirée dont le titre, Kim Kong, était déjà une sacrée promesse. Inspiré d’un fait réel, dont il est inutile de préciser le pays d'origine, un réalisateur, Mathieu Stannis, est kidnappé par un dictateur qui va lui demander de réaliser un film de propagande de son régime « démocratique ». Ce dictateur, artiste à ses heures, lui impose un scénario d’une version revisitée de King Kong, dans laquelle le grand singe lutte avec le régime contre les armées impérialistes américaines, bref, un chef d’œuvre destiné à Cannes. Que faut-il dire de plus pour vous convaincre d’essayer de la revoir :
1) C’est Jonathan Lambert qui joue le réalisateur, il était également Maximus dans la série Péplum ; il est brillant tant dans les moments drolissimes que dramatiques (on apprend vite qu’il ne faut pas trop titiller le dictateur).
2) Le producteur est joué par Frédéric Chau ; il n’y connaît rien en cinéma mais est extrêmement motivé ; grand moment culte lorsqu’il résume le film de Truffaut, « les 400 coups » pensant qu’il s’agit d’un film de Kung Fu.
3) Christophe Tek joue le commandeur, celui qui n’a jamais pleuré de sa vie et qui est sorti du ventre de sa mère en chantant l’hymne patriotique. Ce personnage, plus vrai que nature, forte ressemblance avec un dictateur de la région, fait autant rire qu’il peut faire peur.
Vers la bande annonce...
4) Une petite équipe d’acteurs d’origine asiatique, un chef opérateur hurlant et ne sachant pas cadrer, une comédienne enfermée dans un jeu de propagande, un bègue au clap, tous aussi bons les uns que les autres avec, en prime, un ambassadeur français, caricaturé à l’extrême, qui déclenche le fou rire à chaque apparition.
5) Des scènes extérieures tournées en Thaïlande ajoutant une touche d’exotisme à des décors urbains très réussis, tant intérieurs qu’extérieurs, donnant à ce pays imaginaire une crédibilité certaine ainsi qu’une légère chair de poule.

La série est une comédie et n’est pas démagogique, elle délivre quelques jolis messages sur le cinéma et la création, on y trouve beaucoup de références à des scènes cultes, Truffaut, mais aussi Spielberg ou Cameron, pas d’élitisme, et les quelques larmes versées nous feraient presque espérer que le monde pourrait être sauvé malgré les quelques illuminés qui nous gouvernent.