dimanche 31 mars 2019

Comprenne qui voudra


On se demande toujours comment réagir devant la bêtise, quelle peut être la stratégie devant ces pourvoyeurs de fake news sur les réseaux sociaux ou ailleurs, les menteurs à répétition des extrêmes, et d’ailleurs aussi, et les simples d’esprit qui sont prêts à les croire et pire, qui les croient sans essayer de s'informer… La chasse aux sorcières actuelle nous ramène mille ans en arrière, rien ne change, on n’apprend pas. 
Si seulement...
Arrivant à la fin du livre de Schmitt, « La Part de l’Autre », dont le thème du livre est de faire opposer à la montée du dictateur celle d’une vie d’un peintre devenu célèbre s’il avait été admis en école des beaux-arts, l’auteur, en épilogue insiste sur la peur, le danger d’un jour basculer vers cet autre… Cet autre que parfois je retrouve en moi, quand au volant, je vois arriver derrière moi, un imbécile qui prend un malin plaisir à sucer mon pare-chocs, en espérant soit que je m’arrête, soit que je prenne le risque comme lui de perdre 4 points sur mon permis ; comment lui faire comprendre qu’il est con puisqu’il ne comprendra pas.
En regardant une image d’archive sur Pompidou et sa réaction face au suicide d’une professeure en citant Eluard, je me suis connecté pour lire et récupérer ce poème que je trouve adapté à la situation du moment…

Comprenne qui voudra
Poème de Paul Éluard - 1944

« En ce temps-là, pour ne pas châtier les coupables, on maltraitait les filles. On alla même jusqu’à les tondre. »
(Phrase d’exergue au poème)

Comprenne qui voudra
Moi mon remords ce fut
La malheureuse qui resta
Sur le pavé
La victime raisonnable
À la robe déchirée
Au regard d’enfant perdue
Découronnée défigurée
Celle qui ressemble aux morts
Qui sont morts pour être aimés

Une fille faite pour un bouquet
Et couverte
Du noir crachat des ténèbres

Une fille galante
Comme une aurore de premier mai
La plus aimable bête

Souillée et qui n’a pas compris
Qu’elle est souillée
Une bête prise au piège
Des amateurs de beauté

Et ma mère la femme
Voudrait bien dorloter
Cette image idéale
De son malheur sur terre.

Texte initialement publié dans Les Lettres françaises du 2 décembre 1944, avec ce commentaire : « Réaction de colère. Je revois, devant la boutique d’un coiffeur de la rue de Grenelle, une magnifique chevelure féminine gisant sur le pavé. Je revois des idiotes lamentables tremblant de peur sous les rires de la foule. Elles n’avaient pas vendu la France, et elles n’avaient souvent rien vendu du tout. Elles ne firent, en tous cas, de morale à personne. Tandis que les bandits à face d’apôtre, les Pétain, Laval, Darnand, Déat, Doriot, Luchaire, etc. sont partis. Certains même, connaissant leur puissance, restent tranquillement chez eux, dans l’espoir de recommencer demain. »

Outre la poésie, la littérature, il y a d’autres moyens pour me sortir de mes colères ou de mes petits découragements, dont l’innocence des enfants. Alors pour finir sur une note plus gaie, voici un florilège des derniers fous rires :

Garance :
-          Papa, j’arrête de manger du popcorn, car au bout d’un moment ça fait mal au cerveau.
-          Papa, c’est celle-là si je me trompe !
-          Papa, on est arrivé, c’est cette maison, je m’en souviens comme deux gouttes d’eau.
-          Maë, tu as menti ! Tu es accugé vendu !

Maë : « On dirait qu’un tsunami est passé par là ! »
Papa : « Tu sais ce que c’est ? »
Maë : « Oui, c’est une grosse vague qui détruit tout sur son passage ! »
Nine : « C’est possible ça ? »
Papa : « Qu’une vague puisse tout détruire ? »
Nine : « Ah, une vague, j’avais compris une vache ; je me disais aussi, une vache qui détruit tout sur son passage… »

Loup : « Papa, Nine et Maë m’ont dit que quand tu étais plus jeune, tu étais amoureux de maman ! C’est possible ça ? »
 
Loup et Garance: autoportraits