mardi 27 février 2018

Le fond de l'air est frais

Petits, nos parents nous emmenaient faire du ski, en caravaneige, dans les Vosges. Cela fait cinquante ans maintenant, autant dire que le matériel que nous avons connu à cette époque n’a plus rien à voir avec celui d’aujourd’hui. Sans insister sur les skis en bois, leur fixation rudimentaire et les lanières qui les retenaient à la jambe, je me souviens surtout des chaussures en cuir que l’on enfilait dans la caravane, que l’on serrait au maximum et que l’on enlevait devant le radiateur le soir alors que le pied n’était plus qu’un bloc de glace. Je me souviens des pleurs que nous versions pendant que le pied se réchauffait et que la circulation du sang reprenait doucement. Hier, nous avons atteint un bon -12° sur les pistes de fond ; la bise froide sur le visage, je ne cessais de poser la question aux enfants : « Vous avez froid ? » en espérant qu’ils me répondent oui, et que l’on rentre se mettre au chaud. Malheureusement, les skis aux pieds, les enfants ne sont plus raisonnables, plutôt mourir et profiter d’une sortie entre les sapins, que d’avouer le moindre embarras. Le premier à craquer : Loup ; après un énorme gadin, commençant à se plaindre du froid aux mains, je me rends compte qu’il avait mordillé son gant droit et que celui-ci ne protégeait plus rien du tout m’obligeant à lui céder le mien. 
Présentation de biathlon: "Papa, je peux faire du tir à la carabine?"

Aujourd'hui à ski: Maë, élégante, Garance, volontaire, Nine, facile
Garance avait fait tellement de chutes que de la neige s’engouffrait dans ses gants et chaussures et quand Garance se plaint, toute la montagne s’en souvient ! La balade terminée, nous rejoignons Nine et Maë lorsque Nine me dit avec un pâle sourire : « Papa, j’ai froid aux mains et aux pieds ! ». C’est tout le problème de Nine, elle ne sait pas se plaindre, terrorisée qu’elle est de se faire gronder. Quant à Maë, alors que tout le courage accumulé pour ne rien dire fond d’un seul coup, elle reste immobile en pleurant à chaudes larmes… Alors, je me revois enfant, en enlevant mes chaussures.

dimanche 11 février 2018

Etoile des Neiges

On garde tous une âme d’enfant et, soyons honnête, il est parfois difficile d’accepter l’âge que l’on a, les rêves peuvent être encore ceux que l’on avait à vingt ans, seule, la raison, l’expérience, permet d’avoir certaines réserves sur leur réalisation. Nine ne cessant de me demander pourquoi il ne neige pas à noël, j’ai vu arriver les premiers flocons avec une joie immense mais contenue, immense parce que j’ai encore une âme d’enfant, contenue, parce que derrière le volant, dans la descente du village, après le premier travers, le premier « papa, j’ai peur ! », il fallait bien se rendre à la raison et adopter la vitesse d’un tracteur sur la réserve. Le lendemain, la neige recouvrant tout le village, bien décidé à en profiter, peut-être autant que les enfants, l’occasion était trop belle de leur faire enfiler les combinaisons de ski et nous voilà tous équipés pour affronter le froid, une bonne répétition avant les prochaines vacances. Boules de neige, bonhomme de neige, glissades, plongeons, photos, il ne manqua rien à l’appel si ce n’est Maë qui, par la force des choses, était restée chez sa mère où elle ne manqua pas de faire un magnifique bonhomme de neige. Le weekend arrivé, le soleil s’imposant après la neige, je propose aux enfants de monter dans la forêt, sur le terrain des V.T.T . , vérifier si la couche de neige ne permettrait pas la pratique de la luge. Bonne pioche, les voilà tous les quatre équipés des pelles de tata Marianne, à l’assaut de toutes les pentes et si la première descente fut hésitante, les enfants, prenant de l’assurance au fur et à mesure des descentes, tentaient des pentes de plus en plus abruptes jusqu’à ce que je finisse par dire : « Non, Garance ! A cet endroit-là, ce n’est pas une glisse, c’est une chute ! »
Vers l'infini et au-delà
Réussissant à les convaincre de marcher jusqu’au château, la forêt étant d’une beauté féerique, sur le chemin, la raison pris le pas sur l’enthousiasme, je ne cessais de leur répéter de bien en profiter, car demain il ne resterait plus rien, devant l’incrédulité de Nine à penser qu’une telle quantité de neige pouvait disparaître aussi vite. Une sortie matinale me permit de profiter des dernières couches de neige, mais dès le midi, il ne restait plus grand-chose si ce n’est ces photos sur lesquelles éclate le véritable bonheur qu’ont connu les enfants au cours de cette semaine.
Garance en regardant la photo: "Mais on ne me voit pas!"