dimanche 15 mai 2016

Etre ici est une splendeur

La phrase est magnifique, elle est de Rilke. En tous cas, la traduction est magnifique.
Le livre raconte la vie trop brève de Paula M. Becker, décédée à 31 ans d'une embolie pulmonaire.
Son dernier mot, lorsqu'elle est terrassée est bouleversant: "Schade!", dommage...
Paula était amie de Rilke, une amitié complexe, très finement exprimée par l'auteur.
Paula a croisé Cézanne, Gauguin, Rodin et tant d'autres au début du siècle dernier.
Paula voulait peindre, peindre, elle voulait être indépendante, elle s'est mariée puis s'est détachée... Elle aurait pu faire... mais sa vie fut trop brève.


Enfant
Un passage que je trouve particulièrement beau:

Il n'y a chez Paula aucune revanche. Aucun discours. Aucun jugement. Elle montre ce qu'elle voit.

Et aussi: de vrais bébés. L'histoire de l'art a accouché d'une tripotée de petits Jésus terriblement ratés au sein de Madones sceptiques. Museaux de singes, cous de vieillards, allaitements qui évoquent au mieux la vache, au pire une partie de billard à trois bandes. Non, on voit chez Paula des bébés comme je n'en avais jamais vu en peinture, mais tels que j'en ai connu en vrai. Le regard concentré, agrandi, presque fixe, de la petite personne qui tète. La main posée sur le sein, ou le poing fermé. Le poignet inexistant, un pli. Le cou qui ne tient pas. Les jambes dodues mais non musclées. Les bras parfois maigres. Les joues colorées ou pâles, mais jamais du teint des adultes. Et autour d'eux, la rondeur des oranges de Paula.

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